Le secrétaire national du Mouvement de la paix nous a fait parvenir le texte suivant :

" La puissance de la manifestation parisienne du 1er avril est à la hauteur de l’émotion des Français et de leur volonté de voir vite mis un terme aux souffrances des populations kosovars en premier lieu, mais aussi serbes, prises en otage entre l’entreprise de purification ethnique de Milosevic et les bombardements de l’OTAN. Le nombre grandissant d’organisations participantes montre que, malgré une grande diversité d’approches sur les causes du conflit, la convergence se fait sur quelques constats :

" - Les bombardements de l’OTAN aggravent la cynique politique de nettoyage ethnique préparée par Milosevic, qui était prévisible pour tous les observateurs, donc sans doute prévue par les stratèges de l’OTAN.

" - Le déplacement de centaines de milliers de réfugiés risque de créer une nouvelle Palestine au cour de l’Europe. Plus le temps passe, plus il sera difficile à ces hommes et ces femmes de revenir dans leurs villages.

" - Une force d’interposition ou d’arbitrage est nécessaire pour permettre le redémarrage d’une vie civile commune hypothétique.

" Parmi tous ceux qui manifestent contre la guerre, et aussi, sans doute parmi un grand nombre de ceux qui ne manifestent pas, un constat domine : il n’y a pas une minute à perdre, non pour rajouter des bombardiers supplémentaires ou renvoyer des commandos dans des opérations " tordues ", mais pour que la France prenne des initiatives diplomatiques fortes.

" Après la période diplomatique, l’inaction française actuelle est devenue visible et incompréhensible. Alors que le pape envoie un émissaire à Belgrade, que les Russes s’activent, que les Allemands organisent une conférence internationale sur l’aide humanitaire, le ministre de la Défense français se rend sur une base militaire pour promettre six appareils supplémentaires.

" Qu’attendent Jacques Chirac et Lionel Jospin pour ouvrir une brèche vers une issue politique ? Pourquoi ne pas se saisir de la proposition du pape, d’une trêve pascale, entre les deux Pâques, catholique et orthodoxe, du 4 au 11 avril, une nouvelle " trêve de Dieu " pour obtenir un cessez-le-feu immédiat pendant la trêve pascale, de la part des Serbes bien sûr, en premier lieu, mais aussi de l’OTAN ?

" Pourquoi ne pas proposer d’utiliser cette semaine pour procéder à la démilitarisation complète du Kosovo des forces serbes et de l’UCK pour permettre un retour immédiat des observateurs de l’OSCE comme force d’interposition et de médiation sur le terrain ? Déployer aux frontières intérieures et extérieures du Kosovo des forces multinationales de toute l’Europe, donc y compris russes, pour empêcher tout passage d’armes ou de forces de répression serbes ? Le gel des combats permettrait de déployer l’aide humanitaire au Kosovo et aux frontières et de mettre en route le retour de réfugiés.

" Comment remettre en chantier une solution politique ? Il faudra tirer toutes les leçons de Rambouillet. La politique simpliste, menée sous la pression américaine, des négociations sous la menace du Tomahawk a échoué. Il n’y aura pas d’accord sans impliquer tous les Européens et sans préparer un cadre d’accord, militaire, économique et politique avec tous les pays des Balkans.

" Chacun doit reconnaître qu’il n’est pas pertinent de continuer à l’OTAN qui ne reste qu’une machinerie militaire. Qui aura le courage d’avoir une vision européenne élargie, en s’appuyant soit sur la structure de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), ou sur les principes de sa Charte pour une sécurité européenne en cours d’adoption, soit directement sur l’ONU ? Ne perdons pas une minute pour constituer des " chaînes pour une paix durable ", autour de l’Appel qui a été à la base de la manifestation de Paris. Un seul but : la solidarité aux civils et réfugiés. Une seule exigence : " Arrêtons les bombardements, stoppons la purification ethnique, négociations. "