Journal l'Humanité

Rubrique International
Article paru dans l'édition du 10 octobre 2002.

 

Irak Le 12 octobre, rendez-vous contre la guerre

Entretien avec Daniel Durand, secrétaire national du Mouvement de la paix.

Plusieurs dizaines d’associations, partis politiques et syndicats (*) appellent à faire de samedi 12 octobre une grande journée de mobilisation dans toute la France. · Paris, le rassemblement partira à 15 heures de la place de la République sous le mot d’ordre : " Non à la guerre contre l’Irak. Justice et paix au Moyen Orient ". Le Mouvement de la paix fait partie des organisateurs de la manifestation. Son secrétaire national, Daniel Durand, en explique le sens.

Les déclarations de George Bush vous encouragent-elles à intensifier la campagne contre la guerre ?

Daniel Durand. Effectivement, l’actualité des derniers jours montre le poids que peut avoir l’opinion publique. Les projets d’intervention militaire en Irak sont dangereux et les déclarations du président Bush, malgré sa volonté affirmée d’aller jusqu’au bout, montrent qu’il doit tenir compte de ce qui s’est exprimé au niveau des États et des peuples dans les dernières semaines.

Au lendemain du débat à l’Assemblée nationale, quel jugement portez-vous sur l’attitude qui a été jusqu’ici celle de la France ?

Daniel Durand. En France, le gouvernement a pris jusqu’à présent une position qui a aidé à ce que se nouent, au plan international, des oppositions à la guerre. Il importe que l’opinion publique française pèse encore plus pour que le gouvernement français joue un rôle encore plus actif avec ses partenaires européens et pour empêcher toute décision américaine unilatérale. Pour empêcher aussi que soit instrumentalisé le Conseil de sécurité de l’ONU dans une guerre qui serait autant injustifiable qu’injustifiée.

Ces dernières semaines, des capitales comme Londres et Rome, mais aussi New York ont été le théâtre de grandes manifestations contre les projets américains. En France, le mouvement semble avoir pris un peu de retard. Pourquoi ?

Daniel Durand. Nous sommes, en France, à un premier stade de la mobilisation de l’opinion publique. Une trentaine d’organisations appellent à la journée de manifestations de samedi. Parmi elles on trouve les principales formations politiques de gauche, de grandes organisations syndicales, de grandes associations des droits de l’homme. Pour nous, c’est une première étape parce qu’il s’agit d’élargir encore ce mouvement. Des gens d’opinions très diverses pensent qu’il faut empêcher la guerre en Irak avant qu’elle n’éclate même s’ils ne l’ont pas encore exprimé publiquement dans une manifestation. Nous avons donc le souci de tout faire pour continuer à élargir ce courant d’opinion. C’est pourquoi nous sommes très sensibles à ce que se disent tous ceux qui mettent aussi en avant l’importance de la situation au Proche-Orient. Cela va se traduire dans la banderole de tête. Mais en même temps, empêcher la guerre en Irak avant qu’elle n’éclate est pour nous une urgence. Cette guerre introduirait dans les relations internationales une notion totalement insensée de guerre préventive.

Entretien réalisé par

Jacqueline Sellem

(*) Parmi les organisations qui appellent à la manifestation : Agir contre la guerre ; Association des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire ; Appel des 100 pour la paix ; Association républicaine des anciens combattants ; ATTAC ; CGT ; coordination des Groupes Femmes Égalité ; association internationale des juristes démocrates ; Enseignants pour la paix ; Fédération des Tunisiens pour la citoyenneté des deux rives ; Femmes solidaires ; Fondation Copernic ; FSU ; Groupe des Dix-Solidaires ; Jeunesse communiste ; JCR ; LCR ; Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté ; MJS ; MRAP ; Mouvement de la paix ; Partito della refondazione comunista (section parisienne) ; PCF ; PCOF ; PS ; Socialisme par en bas ; SUD PTT ; UEC ; UNEF, les Verts...

 

 
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